Chez Louis Fortier, la tête humaine en loccurrence la sienne constitue le motif générique dune production abondante qui se développe sur le modèle des chaînes de production industrielles, tout en se dérobant de la finalité de ce modèle de production en série dobjets parfaitement identiques. Dans le cadre du projet présenté à Clark, Fortier a réalisé des séries de sculptures en cire à partir dun même moule de sa tête, sur lesquelles il est intervenu dans le court laps de temps précédant le moment de saisie de la matière, créant ainsi une galerie de portraits psychologiques et sociologiques illustrant le caractère changeant, voire fuyant de lêtre. Ce sont les «ratés» de la chaîne de moulage découlant du processus de «dé-formation» qui retiennent lattention de lartiste et constituent son uvre.
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Le maniement de la matière, comme l'accumulation de coulées de cire ou l'intégration de prothèses buccales souriantes servant à déjouer l'apparence mortuaire de quelques moulages originaux, induisent des manières de se percevoir et de se comporter socialement. Ce travail sur le corps soulève plusieurs questionnements non seulement sur la boulimie et lidéal de perfection de la société de consommation mais sur la science et la morbidité en cette ère de manipulation génétique.
Placés sous le signe de lempreinte, les moulages de Fortier sont une métaphore des temps qui nous traversent et qui nous façonnent. Ils renvoient, par leur matérialité, aux processus de création et de présentation du travail de lartiste, tous deux intimement liés à la notion de la temporalité. Les pièces exposées à la Galerie Clark, dont plusieurs ont été réalisées et présentées à AXENÉO7 (Gatineau/Hull) alors que l'artiste y était en résidence en janvier 2003, évoquent le lien fatal qui nous unit à ce temps qui fuit inéluctablement.
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Louis Fortier détient une maîtrise en arts plastiques de lUQAM (1994). Il compte à son actif de nombreuses expositions individuelles et collectives à travers le Québec. Il tient à remercier le CALQ pour son soutien, de même que Marie-Andrée, Nathalie et Jacques.
Louis Fortier a bénéficié du programme de résidence dartistes du Centre Clark pour la réalisation du projet Journal des humeurs. |
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